Programme :
George GERSHWIN
– Un américain à Paris
Leonard BERNSTEIN
– Danses de West Side Story
– Un américain à Paris
– Danses de West Side Story
George Gershwin (1898 – 1937)
Un américain à Paris pour 2 pianos
En 1924 Paul Whiteman, le plus célèbre chef d’orchestre de jazz band, décide de monter une opération grandiose et sans précédent : un concert-manifeste aux couleurs ouvertement avant-gardistes, intitulé : « An Experiment in Modern Music » (Une expérimentation dans la musique moderne). Il s’agit de montrer à l’élite new-yorkaise –au monde !- que le jazz et le grand art musical peuvent, pour leur plus grande gloire, se marier de différentes manières ;que le premier apporte au second un sang neuf, moderne ; et que grâce à cette rencontre – on parlerai aujourd’hui de métissage – une musique spécifiquement américaine va naître enfin.
Instrument d’élection de Gershwin, le piano occupe une place éminente dans sa production : témoins ses versions pour un ou deux pianos d’Un Américain à Paris, de la suite de Porgy and Bess et de l’Ouverture cubaine.
La pièce a été inspirée du séjour de Gershwin à Paris. La forme de l’œuvre est un poème symphonique évoquant les lieux et la vie de la capitale française dans les années 1920.
Elle a été jouée pour la première fois au Carnegie Hall de New York le 13 décembre 1928 devant 2 800 spectateurs. En 1951, l’œuvre est adaptée au cinéma par Vincente Minnelli avec Gene Kelly qui participe à la création chorégraphique. Son interprétation lui vaut un Oscar. Deux ans plus tard, l’œuvre provoque un scandale lors de sa première européenne à Londres. Gershwin en a réalisé cette transcription pour 2 pianos.
LEONARD BERNSTEIN (1918-1990)
Symphonic Dances from West Side Story (1957)
Inspirée du drame éternel de Roméo et Juliette, la comédie musicale West Side Story (1957) est l’un des plus fabuleux succès de la scène musicale américaine de l’après-guerre. Sa genèse remonte à 1949, Leonard Bernstein note : « Jerry Robbins m’a aujourd’hui fait part d’une grande idée : une version moderne de Roméo et Juliette, dans les «quartiers» au moment des célébrations concomitantes de Pâques et de Pessah. Les esprits s’échauffent entre juifs et catholiques. Les premiers sont les Capulets ; les seconds les Montaigus. Bagarres de rues, double mort : tout coïncide. En aout 1955, la presse se fait l’écho des soulèvements que connaissent alors les quartiers mexicains de Los Angeles. II n’en faut pas plus pour relancer le projet. Bernstein note alors : « Nous nous enflammons à nouveau pour l’idée d’un Roméo. Mais nous avons abandonné l’idée maîtresse de l’opposition entre juifs et catholiques qui n’est pas vraiment nouvelle et sommes convenus de ce qui à mon avis va vraiment marcher : deux bandes rivales d’adolescents, l’une constituée de nouveaux arrivants portoricains, l’autre de soi-disant « vrais » Américains. Soudain, tout prend vie : j’entends des rythmes et des pulsations, et, avant tout, je puis me faire une idée de l’architecture de la pièce. »
La musique reflète parfaitement le monde bigarré de Hell’s Kitchen à New York, où les immigrés irlandais, juifs et polonais côtoient avec difficulté les derniers arrivés, les portoricains. Entre le jazz, les mélodies de Broadway, les harmonies contemporaines et les rythmes complexes des Caraïbes
En août 1957 la partition est terminée. L’ouvrage sera joué à New York à partir de septembre et tiendra deux ans l’affiche du Théâtre Winter Garden pour 772 représentations. En 1960 la production reviendra à Brodway pour 253 représentations après avoir tourné dans tout le pays. Le succès aujourd’hui planétaire de West Side Story, est apporté par le long métrage réalisé par Robert Wise pour la MGM en 1961. Pour le prologue, filmé en décor naturel à New York, deux quartiers sont choisis : la 61ème Rue Ouest, dans un état de décrépitude avancée idéale au propos, et la 110ème Rue Est qui est à l’époque un quartier d’immigrés portoricains. (Le fait de situer certaines scènes dans le quartier Est avait laissé pressentir, pour le film le titre de East Side Story. Mais les migrations vers les quartiers ouest de ces bandes rivales donnera son titre définitif à l’œuvre).
Au concert West Side Story est devenu l’un des classiques du compositeur (son œuvre symphonique la plus jouée), grâce à la suite de danse qu’il réalise en 1961. Réorchestrée pour grand orchestre symphonique, cette partition d’une vingtaine de minute est un concentré des scènes chorégraphiques qui ne suit pas la conduite dramatique de l’original. Le succès de ces danses symphoniques est d’autant plus notable que les « tubes » de la partition n’y sont par repris. Bernstein termine ses Danses par une musique rappelant les rêves de Somewhere, suggérant ainsi un monde meilleur, mais les derniers accords des contrebasses évoquent les derniers battements de cœur de Tony qui meurt dans les bras de Maria, nous rappelant doucement que West Side Story est avant tout une tragédie.