Programme :
Claude DEBUSSY
– Sonate pour flûte, alto et harpe
Jean CRAS
– Suite en do pour flûte et harpe
François DEVIENNE
– Duo pour flûte et alto
Jacques IBERT
– Entracte pour flûte et harpe
Maurice RAVEL
– Sonatine en trio pour flûte, alto et harpe
Claude Debussy (1862-1918)
Sonate pour flûte, alto et harpe
<C’est pendant l’été 1915 que Debussy a conçu trois sonates, pages d’un musicien à la recherche de la noblesse de la forme du XVIIIème siècle : «Rien ne peut excuser d’avoir à ce point oublié la tradition inscrite dans l’œuvre de Rameau, remplie de trouvailles géniales presque uniques.» Ces sonates devaient être six, et c’est la maladie et la mort qui empêchèrent Debussy d’aller au-delà de la moitié de son projet. Elles sont dédiées à sa seconde épouse, Emma Bardac, et portent sur la page de titre la mention : «… composées par Claude Debussy Musicien français».
Ces trois Sonates sont le testament artistique d’un Maître fauché en pleine floraison créatrice. L’éclatement de la guerre de 1914 avait mis à vif son nationalisme toujours ardent Désespéré de ne pouvoir servir son pays les armes à la main, il se claustra durant de longs mois dans un amer et douloureux silence. L’amicale insistance de son éditeur Jacques Durand, et surtout le séjour à Pourville, auprès de la mer si passionnément aimée, mirent fin sa prostration et suscitèrent une dernière et splendide vague créatrice. Debussy avait mis au point un projet de vaste envergure, à la fois réalisation de ses rêves d’une musique pure d’un esprit tout nouveau et hommage rendu aux grands Maîtres français du passé.
Les trois sonates sont destinées à des effectifs différents : la première et la troisième sont respectivement pour violoncelle et piano et pour violon et piano tandis que la deuxième est écrite pour flûte, alto et harpe
Cette 2ème sonate fût de peu postérieur à la précédente puisque composé de fin septembre au début d’octobre 1915 (en même temps que les études pour piano). En composant la sonate pour flûte alto et harpe, Debussy avait d’abord pensé au hautbois plutôt qu’à l’alto. Son choix définitif permet un mélange intime, délicat, le tout en de subtil demi-teintes. Avec cette sonate Debussy est le premier à imaginer l’association des sonorités de la flûte, de l’alto et de la harpe dans une pièce de musique de chambre. Pour composer et définir la matière sonore, il associe chaque instrument à une couleur ; obtenant ainsi un effet de légèreté et de fluidité qui caractérise l’oeuvre. Cette instrumentation singulière et imaginative confère à la pièce une atmosphère sonore douce et terriblement mélancolique. Debussy ajoutait également à propos de cette pièce : « Je ne sais pas si l’on dois en rire ou en pleurer peut-être les deux ». Il est certain que les trois instruments marient leur timbre admirablement en un alliage subtil entre lyrisme et sensualité. Beaucoup tiennent cette partition pour le chef-d’œuvre suprême du compositeur. La première audition publique en fut donné le 10 décembre 1916 à Paris. Selon l’auteur, une exécution privée en aurait eu lieu auparavant. Elle fut publiée la même année chez Durand. En trois mouvements, la Sonate pour flûte, alto et harpe se compose d’une Pastorale, d’un interlude et d’un finale. C’est la Pastorale qui indique le caractère de l’ensemble, gouverné sans aucun doute par les timbres de la combinaison instrumentale.
Jean Cras (1862-1918)
Suite en duo pour flûte et harpe
François Devienne (1899 – 1963)
Duos concertants pour flûte et alto