Antonín DVOŘÁK
– Terzetto pour 2 violons et alto Op 74
– Miniatures pour 2 violons et alto Op 75a
Robert FUCHS
– Trio pour 2 violons et alto OP 61 N°1
– Terzetto pour 2 violons et alto Op 74
– Miniatures pour 2 violons et alto Op 75a
– Trio pour 2 violons et alto OP 61 N°1
Antonin Dvořák (1841-1904)
Terzetto pour 2 violons et alto
En novembre 1877, quatre ans après son mariage, Dvořák emménagea au No 10 (à présent No 14) de la rue Zitnà, à Prague, dans un appartement situé à l’arrière de l’immeuble, qui allait devenir la demeure familiale. Dans ce même immeuble logeait un sous-locataire de la belle-mère de Dvorák, un étudiant en chimie. Josef Kruis, qui prenait des leçons de violon auprès de Jan Pelikán. Pelikán était un ami du compositeur, violoniste au Théâtre provisoire où Dvořák avait lui-même été altiste de 1862 à 1871. En écoutant Kruis et Pelikán jouer ensemble, Dvořák décida de se joindre à eux avec son alto et écrivit donc (entre le 7 et le 14 janvier 1887) ce trio pour leurs instruments. Malheureusement (ou heureusement pour la postérité) Dvořák avait surestimé le niveau de formation technique de Kruis — le Terzetto n’était en effet pas accessible au jeune étudiant.
Cependant, pour consoler Kruis, Dvořák écrivit immédiatement un trio plus simple qu’ il appela Malickosti (ou Bagatelles) Op. 75a [B. 149]. Très vite il le transposa pour violon et piano et lui donna le nom de Rormntické kusy (Quatre Pièces romantiques) Op. 75 [B. I50|. Les « Bagatelles » ne furent publiées qu’en 1945 et rebaptisées Drobnosti ou Miniatures pour éviter toute confusion avec les autres Bagatelles pour harmonium, deux violons et violoncelle Op. 47 [B. 79], mieux connues. Terzetto, morceau plus substantiel, est un excellent apport au répertoire de la musique de chambre, en ce sens qu’il s’agit d’une disposition instrumentale sans violoncelle; Dvorak dut faire preuve d’une grande imagination dans l’écriture de la partie alto pour compenser l’absence d’une vraie basse. La première exécution publique eut lieu le 30 mars 1887, lors d’un concert de I’ Umèlcckâ beseda (Union des Artistes) à Prague avec, pour interprètes, Karel Ondricek (frère de Frantisek qui. en 1883. avait créé le Concerto en la mineur pour violon, Op. 53 |B. 108]), Jan Bûchai et Jaroslav Stastny.
Le premier mouvement est une introduction Allegro ma non troppo, en ut majeur. Il est dominé par le premier thème, imprégné de ce charme lyrique direct, propre à Dvorak. Les deux premières sections reparaissent, enrichies d’un effet de contraste provenant de passages en demi-croches agités. Le premier mouvement conduit directement au second, un Larghetto en mi majeur et à 6/8, tout aussi chantant, d’une belle humeur paisible et douce, légèrement, très légèrement troublée dans la section médiane, par le rythme pointé. Le troisième mouvement est, sans conteste, un Scherzo dvoràkien, les voix moyenne et grave fournissant cette impression constante de poussée en avant. Son style Vivace est celui de la danse populaire tchèque Furiant, alors que la section trio, Poco meno mosso. est une valse apaisante. Le Finale consiste en un thème suivi de variations en ut mineur. Le début, Poco adagio, introduit le thème qui adopte pour commencer le ton de ré bémol. Dans les 118 mesures de variations Dvořák fit preuve d’un extraordinaire esprit d’invention; utilisant au mieux ses effectifs réduits, il réussit à produire des passages lents, chargés d’émotion et d’autres pétillants, hauts en couleur. La conclusion, Molro allegro, met un point final radieux à un morceau d’une écriture digne des fameux quatuors.
Drobnosti Op. 75a [B. 149]
Ces « bagatelles » [connues en français sous le titre « Quatre Miniatures » sont les pièces que Dvořák écrivit en tenant compte des capacités techniques limitées du jeune Josef Kruis, après avoir compris qu’ il ne pourrait pas interpréter la partie violon de Terzetto, Dvořák prenait parfois grand plaisir à écrire des morceaux plus légers que de coutume, dont notamment les quatre pièces en question. Elles doivent dater de janvier 1887, car le 18 janvier le compositeur écrivait en ces termes à son éditeur, Simrock : « je suis en train d’écrire quelques petites bagatelles pour deux violons et alto et ce travail me satisfait tout autant qu’ une grande symphonie. Qu’en dites-vous! Ces pièces sont évidemment conçues pour des interprètes amateurs, mais Beethoven et Schumann n’ont-ils pas eux aussi écrit des ouvrages peu substantiels — et avec quel talent d’ailleurs ».
Quelques jours plus tard, le 25 janvier, Dvořák transcrivait ces bagatelles pour violon et piano; elles furent rapidement éditées par Simrock, sous le numéro d’opus 75. Aussi légère que soit cette musique, elle n’en est pas moins charmante, et son interprétation, en duo, toujours aussi populaire. Elle mérite cependant qu’on l’entende occasionnellement en trio, avec les instruments d’origine, deux violons et alto. Sous cette forme, les Miniatures furent exécutées pour la première fois en public le 24 février 1934 au cours d’un concert du Quatuor Praguois, à la Bibliothèque centrale de Prague, avec pour interprètes Vilibald Schwejda, Herbert Berger et Ladislav Cerny.