Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)
Concertos brandebourgeois n° 4 BWV 1049
Concertos brandebourgeois n° 5 BWV 1050
Bach entreprit la composition de ces six « concertos pour instruments variés » vers 1718, les destinant à ses musiciens de la cour du prince Leopold d’Anhalt-Cöthen. Au moment de leur achèvement en 1721, un peu las de la cour de Cöthen, il envoya une copie des partitions à Christian Ludwig, Prince de Brandebourg, dans l’espoir d’obtenir un poste à la cour brandebourgeoise de Berlin. Aucun emploi ne se concrétisa, hélas, et il est peu certain que l’orchestre de Brandebourg ait même jamais interprété ces concertos : l’ensemble, de taille réduite, n’aurait pu aborder les quatre premiers concertos sans le renfort de musiciens extérieurs. Mais les concertos restèrent avec l’appellation de concerto Brandebourgeois.
Le portefeuille de concertos de Bach -ou peut-être vaudrait-il mieux parler de son « curriculum vitae brandebourgeois »… – révélait une parfaite maîtrise d’instruments et de genres étonnamment variés. Bach avait, certes, suivi un plan systématique dans la production, d’année en année, des six pièces, abordant un à un les problèmes de la composition du concerto. Commençant par transformer le concerto à cordes traditionnel dans deux œuvres novatrices -l’une moderne (le concerto n° 3) et l’autre, archaïque (le concerto n° 6) – , il s’affaira ensuite à la réalisation de deux sortes distinctes de concertos à instruments multiples faisant appel aux cuivres (le premier et le deuxième de la série). Il acheva ensuite les deux derniers, dans le genre nouveau du concerto grosso, avec mise en valeur d’un instrument soliste : le violon (dans le quatrième concerto) et le clavecin (dans le cinquième).
Le quatrième concerto brandebourgeois présente une fusion fascinante de genres. Bach y réunit le concerto traditionnel, qui reposait largement sur le mélange collectif des instruments, au concerto « moderne », confrontation spectaculaire d’un soliste héroïque au reste de l’orchestre. Tout en donnant au violon solo des passages brillants de virtuose, Bach préserve l’idéal collectif en accordant un rôle solo spécial à un couple de flûtes à bec.
Dernier achevé de la série brandebourgeoise, le cinquième concerto mettait en valeur la virtuosité personnelle de Bach au clavier (il avait acquis un nouveau clavecin splendide en 1718). Concerto le plus progressiste de la collection, il fut, semble-t-il, le premier jamais composé pour clavecin, et la première aussi des œuvres de Bach à faire appel à la flûte traversière moderne. Plus encore que le quatrième concerto brandebourgeois, le cinquième présente en fait deux concertos en un. Il s’agit, d’une part, d’un triple concerto pour flûte, violon et clavecin présenté sur un pied d’égalité, et, d’autre part, d’un brillant concerto pour clavecin solo. Ce double aspect transparaît clairement dans le premier mouvement, où le clavecin gagne progressivement la place d’honneur, avant de s’embarquer dans une imposante cadence. Le mouvement mélancolique lent présente les trois solistes seuls, avant que l’orchestre les rejoigne dans la fringante gigue finale.