Wolfgang Amadeus MOZART (1756 – 1791)
Trio pour alto, clarinette et piano K « Les quilles »
I. Adagio con moto, II. Con moto, III. Con moto : Vivace – Andante, IV. Con moto : Adagio
C’est chez son ami viennois Nikolaus Joseph Freiherr von Jacquin, professeur de chimie et botanique et esprit éclairé, que Mozart a composé cette perle de musique de chambre qu’est le Trio K 498. Le manuscrit indique 5 août 1786 comme date d’achèvement. Selon la légende, c’est lors d’une partie de quilles que Mozart en aurait eu l’inspiration, d’où ce surnom Kegelstatt attribué par certains éditeurs à l’œuvre. Une élève de Mozart, Caroline von Pichler a indiqué qu’il aurait été composé pour Franziska von Jaquin, une autre élève de Mozart, pianiste accomplie et fille de son hôte. La création en aurait été donné par Franziska au piano, Mozart à l’alto (on sait qu’il aimait jouer cet instrument, sa Symphonie concertante pour violon et alto en témoigne) et par Paul Anton Stadler à la clarinette, un musicien que Mozart admirait beaucoup et pour lequel il aurait écrit son Concerto pour clarinette et Quintette avec clarinette. Le trio « des Quilles » fut par la suite publié en 1788 à Vienne, par l’éditeur Artaria, avec une partie de violon comme alternative à celle de clarinette. Son instrumentation en revanche est novatrice, aucun compositeur n’ayant avant Mozart regroupé ensemble alto, clarinette et piano. Elle sera d’ailleurs ultérieurement reprise, au xixe siècle notamment, par Robert Schumann avec ses Märchenerzählungen et Max Bruch avec ses Huit pièces pour clarinette, alto et piano.
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Max BRUCH (1838 – 1920)
8 pièces pour clarinette, alto et piano op
Grand connaisseur des cordes, il a été l’ami intime des violonistes Joseph Joachim, de Pablo de Sarasate, de Ferdinand David tous destinataires de grands concertos romantiques, Bruch doit sa notoriété à son concerto pour violon, sa Fantaisie écossaise pour violon ou encore sa rhapsodie pour violoncelle «Kol nidrei». Mais il s’est également intéressé aux instruments à vent et en particulier à la clarinette que son fils Max Félix pratiquait en virtuose.
C’est à l’intention de ce dernier et en hommage à Schumann que Bruch a composé entre 1906 à 1910 les pièces pour piano, clarinette et alto (ou violoncelle) op.83. Il s’agit de compositions qui, dans une forme claire et ramassée, montrent la quintessence de sa pensée, nourrie de romantisme et de l’expression raréfiée du classicisme, ainsi que Brahms l’a proposé dans ses derniers opus de piano. L’inspiration se manifeste dans l’art de la demi-teinte, du nocturne ou bien même de l’anecdote comme l’indique la mélodie roumaine (n° 5), ultime concession de Bruch à un folklore qu’il avait aimé intégrer dans ses œuvres, dans sa Fantaisie écossaise notamment. Bruch a noté un dispositif instrumental alternatif, indiquant, comme Schumann l’avait fait avant lui, la possibilité de remplacer la clarinette par le violon, l’alto par le violoncelle. Le recueil a été créé en 1909 à Cologne puis à Hambourg par Max Félix Bruch, Willy Hess et l’auteur au piano.